Théorie | Interzone 113

1° MÉTROLOLISATION CHAOTIQUE

a/ Chaos visuel              
Des boîtes métalliques et leur enseignes électriques, leur néons, des friches commerciales, quelques habitations en front de route, mitoyennes, collectives, modernes, néo-régionalistes, un supermarché. Des consessionnaires automobiles, des boulangeries et des bouchers, aucun trottoir et quelques tronçons de route éclairée. Des platanes et des panneaux publicitaires. Des entreprises du bâtiment, un Mac Donald, des hypermarchés, des stations essence abandonnées et partout ce vide agricole ponctué par des champs pavillonnaires. Voilà une vision très banale du territoire sur lequel les discussions sont ouvertes et les énoncés incertains.

b/ Radicalités périphériques      
On peut parler de chaos visuel et se dire que ce que l'on voit sont des manifestations de phénomènes urbains complexes mais de phénomènes déjà  énoncés dans le territoire urbain par excellence : la ville telle que nos esprits croient encore la capturer. Ces phénomènes urbains seraient donc propagés hors de la ville et la réflexion ne porterait pas sur la nature de ces phénomènes mais sur les stratègies d'intervention dans ces territoires périphériques en leur appliquant des analyses et des projections largement consommées en d'autres lieux. Sans voir que ces phénomènes ne sont pas des épiphénomènes (leur productions sont exogènes à la production urbaine classique) et qu'ils submergent dans leur alterités et leur propagations géographiques la ville séculaire, celle qui acceuillit les générations d'après-guerre, les artisans involontaires de la révolution territoriale actuelle. Cette phagocytose de la ville classique par cette nouvelle altérité territoriale, la métropolisation, s'épanouit à travers tout le territoire national sans atteindre les proportions californiennes.

c/ Récits           
La radicalité de ce mouvement légitime d'autres méthodes d'investigations et d'analyses, de nouveaux systèmes de réflexion et de nouveaux récits sur la ville et ses devenirs, ceux-là même qui dictent de toute leur banalité une réalité inscrite sur des surfaces chaotiques. Le territoire devient l'affaire de mécaniciens qui plongent bras et mains dans la machine complexe. Devant les manifestations déstabilisantes de ces périphéries, l'interprétation rationnelle ne peut plus observer et éluder la complexité de cette mécanique périphérique. Délirer sur les devenirs urbains contemporains avec l'idée que la dichotomie campagne-ville n'existe plus, balayée par des phénomènes périphériques inaltérables, devient un prétexte à exister et à écrire de nouveaux récits urbains.

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